Petit tour d'horizon et dégustations des vins issus du terroir catalan. Découvrez régulièrement de nouveaux vins, des conseils pratiques de dégustation accompagnés d'idées d'accords mets et vins.

lundi 20 mars 2017

La cuvée Barrique 2015 du Mas Becha (Côtes du Roussillon)

Chers lecteurs,

C’est lors d’un petit détour par la France, et plus précisément par ma région natale, que je suis de nouveau parti à la rencontre de mon ami et vigneron Charles Pérez, jeune producteur du Mas Becha dont les vignes se trouvent à Ponteilla-Nyls. Pour son annuel marché événement en ce dimanche fort ensoleillé du 26 février, Charles a reçu la visite de toute l’équipe de Melt&Co exceptionnellement au complet pour l’occasion. Je vous laisse imaginer la difficulté de la manœuvre quand on sait que certains d’entre nous habitent en Asie et à Montréal.
Retour en images sur ce tout dernier Mas Becha fait son marché à Nyls à l’allure champêtre, et où de nombreux artisans en agriculture biologique nous ont fait l’honneur de nous proposer parmi leurs plus belles créations, toujours pour le plus grand plaisir des épicuriens qui ont répondu présent.
Comme à son habitude, décontracté et ayant le sens de l’hospitalité, Charles a mis la main à la pâte, et même à la braise pour cette excellente grillade. Attention certains rédacteurs de Melt&Co se cachent sur ce photomontage.
Sous le soleil de cette magnifique journée à l’aspect printanier, un florilège d’artisans était de la partie et a répondu à l’appel du Mas Becha. À commencer par l’incontournable Thibault Gonzales avec ses viandes et charcuteries, Laurent Dieval et son safran des Aspres, Thierry Payrou du Mas de Sabine avec ses excellents produits à base de thym et d’olives, sans oublier la Miellerie CérétaneDave Bignon du fournil de Caixas, et enfin Raphaël Guillot de la Voie Lactée. Le tout étant, bien entendu, agrémenté par quelques excellentes bouteilles signées le Mas Becha.
Ambiance festive assurée par le jeune et talentueux Maxime Prim. Il souffle comme un air de printemps au mas.

Quelques mots sur le vigneron :

Ce petit domaine de 25 Ha de vignes classées en terroir des Aspres et certifiées bio depuis déjà 2011 est dirigé par Charles Pérez, qui à seulement 38 ans, fait partie de la nouvelle génération montante des vignerons du Roussillon. Un brin décalé, il impose avec conviction et détermination son propre style de vin, qui se veut chaleureux et généreux, et ose également développer une toute nouvelle image et esprit au domaine familial. À commencer par cette tradition qui consiste depuis plus de 6 ans à renouveler le design des étiquettes de chacun des nouveaux millésimes.
Depuis 6 ans l’étiquette des vins du Mas Becha est à l’effigie de chacun des membres de la famille. Ambiance manga, bande dessinée, cette année Charles rend hommage à un célèbre jeu de cartes américain.
Pour les plus avertis, je vous présente le nouvel étiquetage de la cuvée Barrique 2015 qui reprend le célèbre jeu de cartes créé en 1993 par Richard Garfield : Magic the Gathering. Légèrement plus jeune que Charles, mais de la même génération, je suis particulièrement sensible à ce soupçon de culture un peu geek qui me rappelle mon enfance, et qui fait de la communication du Mas Becha un véritable brainstorming qui se veut malin et fort original à la fois.
C’était donc une évidence, mais pas une coïncidence, si j’ai décidé de consacrer ce tout nouvel article à ces deux passions que nous avons en commun avec Charles. Mais en attendant, pour ceux qui avait raté cet épisode, je vous propose de visionner l’interview qui avait été donnée durant le mois d’octobre de l’an dernier… Alors que l’équipe de Melt&Co s’était rendue dans le fief du Mas Becha à Ponteilla-Nyls.


Le choix du vin : La cuvée Barrique 2015 du Mas Becha (Côtes du Roussillon)

La colère rouge d’ « El général » déborde à même son étiquette en voyant le jeu « mono-blanc » de son adversaire. Le « cercle de protection rouge » de l’adversaire ne lui permettra pas de résister au prochain assaut.
Visuellement, on découvre un vin à la robe d’un pourpre somptueux et à l’intensité élevée. Cette dernière s’avère si intense, que le fond du verre s’en retrouve éclipsé. Belle couleur, belle brillance, c’est du propre. Comme à l’accoutumée chez les vins du Mas Becha, le jambage est extrêmement visible et coloré ; gage de matière pour cette liqueur de raisins.
Le nez est net, et intense. Très gourmand, il dévoile d’agréables arômes de fruits noirs confits et d’épices douces. On retrouve tout naturellement le cassis, la mûre, et la gelée de myrtille pour le fruité. La vanille et également la réglisse pour l’épicé, le tout sous une finale légèrement florale avec la violette de la Syrah.
L’attaque en bouche se révèle très franche, mais se fait avec beaucoup de rondeur et sans aucune agressivité. On retrouve des notes concentrées de mûres et de cassis, accompagnées d’un fond d’épices, de poivre gris, de réglisse et un soupçon cacaoté.  Avec ses 15.5% d’alcool sous le capot, le vin ne s’avère pourtant pas brûlant en bouche. Et à ce propos, je me dois de vous remémorer à quel point l’été 2015 a pu être chaud et sec en pays catalan, ce qui a sensiblement contribué à la composition riche en éthanol et en glycérol du vin offrant ainsi gras et onctuosité, et équilibrant avec justesse les arômes de l’élixir de fruits. Bonne longueur et complexité pour ce jeune vin.
La cuvée Barrique 2015 est le fruit d’un assemblage de 70% de Syrah et de 15% de Grenache noir et Mourvèdre produits sur le terroir des Aspres.
Pour conclure, chez Melt&Co nous aimons parler du Mas Becha aussi bien pour son actualité croustillante, que pour la richesse des événements au sein du domaine. Le vignoble signe encore une fois un vin identitaire à ce qu’il a l’habitude de produire, c’est à dire un vin riche et généreux, un vrai concentré de fruits noirs dont la qualité sanitaire pour ce millésime 2015 s’avère somme toute exceptionnelle. À servir idéalement entre 16 et 18°, accompagné d’un hamburger maison au charolais avec de fines tranches de cantal, ou encore pour rester dans le local, avec les excellentes charcuteries signées monsieur Thibaut Gonzales. Un millésime 2015 à surveiller tout particulièrement étant donné la qualité sanitaire admirable des fruits utilisés.
Enfin, l’équipe de Melt&Co et moi même ne pouvons pas nous empêcher de vous glisser un petit mot pour vous conseiller de participer au prochain événement du domaine. Bonheur, et bons vins garantis !
Bon Charles, j’attends avec impatience tes disponibilités pour une petite partie de cartes. 😉
En direct de Singapour, c’était Frédéric pour Melt&Co. Merci pour votre lecture et à très bientôt pour de nouvelles chroniques.
Crédits : Merci à nos confrères de Wine LR pour leur gentillesse et pour l’autorisation de réutiliser les photos prises pendant le Mas Becha fait son marché à Nyls.

jeudi 16 février 2017

La cuvée François Arago 2002 des vignerons des côtes d’Agly (Rivesaltes Hors d’Âge)

Chers lecteurs,

Après un mois de janvier assez mouvementé entre célébration du nouvel an chinois et plusieurs sessions du WSET (le tout dans la langue de Shakespeare), je suis heureux de vous retrouver cette semaine avec ce nouvel article sous le signe du Roussillon, comme c’était le cas à l’accoutumée. C’est en participant à une vente flash d’un gros distributeur à Singapour que j’ai eu le plaisir de retomber nez à nez sur un vin issu d’une célèbre cave coopérative, et dont j’avais auparavant eu l’occasion de goûter lorsque j’étais encore caviste sur la côte Vermeille. Et même s’il s’avère que j’ai pour habitude de parler de vignerons indépendants, qu’ils soient dans le Roussillon ou ailleurs, exceptionnellement cette semaine j’ai décidé de déroger à la règle en consacrant cet article à cette cave coopérative qui se situe sur plusieurs des fameux terroirs de l’Agly et dont le savoir-faire depuis 1910 a donné naissance à de bien belles liqueurs de raisins. Direction le Roussillon, dans les hautes terres de l’Agly où j’ai pu (re)découvrir un joli (mais bourré de caractère) Rivesaltes Hors d’Âge des célèbres vignerons des côtes d’Agly.
Cela peut paraître anodin : du fromage à pâtes persillées et un Rivesaltes à l’apéritif… Mais détrompez-vous se procurer ces produits est loin d’être aisé lorsqu’on fait son rationnement sous les tropiques. 

Quelques mots sur le vigneron :

Fruit de la fusion entre plusieurs vignerons, la cave des vignerons des côtes d’Agly est l’une des premières coopératives productrices de vins dans l’AOP Côtes du Roussillon. Dans cette étonnante mosaïque des terroirs de la vallée de l’Agly, la cave qui existe depuis déjà 1910, s’avère être un regroupement de pas moins de 250 vignerons qui œuvrent au quotidien pour les soins de la vigne, et la confection de vins de qualité.
Aujourd’hui avec près de 21 cépages différents sur près de 1150 hectares, la cave produit désormais un peu plus d’une trentaine de vins différents issus des 5 villages emblématiques qui représentent les côtes d’Agly. En commençant par EstagelLesquerdeCaudiès de Fenouillèdes, en passant par Montner et St-Paul-de-Fenouillet.
La vallée de l’Agly a été de tous temps le refuge des aigles, dont elle tire son nom. L’oiseau est naturellement devenu la signature de la cave.
Située entre la chaîne des Pyrénées et la mer Méditerranée, la vallée de l’Agly bénéficie d’un micro-climat exceptionnel avec notamment des hivers doux, et des étés chauds et secs. Comme à son habitude dans le Roussillon, la présence de la tramontane s’avère être un avantage non négligeable et contribue à la bonne santé phyto-sanitaire et a facilité la conversion en agriculture biologique de plusieurs des vignerons de la cave coopérative.
De cet éloignement de la mer qui a pour effet de renforcer la chaleur en été mais aussi de par cet environnement minéral qui restitue la chaleur durant les nuits d’été, découlent la richesse et la complexité de ce terroir aux reliefs contrastés et essentiellement constitué de garrigues. Enfin et loin d’être anodin, l’altitude, l’exposition du terroir, mais surtout la nature des sols variée apporte une réelle et propre identité à chacun des vins de la cave.
La barre calcaire du massif des Corbières à Caudiès, l’arène granitique de Lesquerde, et les schistes noirs de Montner, 
Parmi le label côtes d’Agly, on retrouve 5 communes à la géologie complexe et marquée qui apportent qualités aromatiques et expression aux vins. En commençant par le fameux terroir de Montner, ce petit village dont le nom signifie en catalan « Montagne Noire » s’avère être le terroir caractéristique des schistes noirs du Roussillon. Cette pierraille ayant tendance à accumuler la chaleur du sol et sert de substrat à la vigne, apporte complexité et intensité aux vins.
On retrouve également le vignoble de Lesquerde, qui perché à 350 mètres d’altitude, offre un potentiel et pas des moindres, son arène granitique résultat de l’érosion se distingue par une variété unique de paysages dénivelés et par d’impressionnantes falaises de calcaire blanc offrant ampleur, fruité et minéralité aux vins.
Enchâssé entre ses immenses falaises calcaires, le petit village de Saint-Paul-de-Fenouillet apporte aussi son lot d’intérêts lorsqu’on sait que sa typicité géologique composée essentiellement de marnes noires (mélange de calcaire et d’argile) s’avère régulièrement bien drainées empêchant l’eau de stagner et offre généralement puissance, charpente ainsi qu’un soupçon d’élégance.
Paysage du petit village de Montner surplombé par la vigne.
Aux portes des Pyrénées et du Château de Puilaurens, la plus occidentale des communes de l’Agly, Caudiès de Fenouillèdes se distingue, comme pour Lesquerde, par une altitude moyenne légèrement élevée de 350 mètres et par ses sols de colluvion.
Enfin la célèbre commune d’Estagel, berceau du scientifique catalan François Arago, dispose d’un vignoble très étendu et particulièrement diversifié de par ses sols argilo-calcaires donnant des vins à la fois fermes et à la couleur soutenue.
La barre calcaire du massif des Corbières dans les Fenouillèdes.

Le choix du vin : La cuvée François Arago des vignerons des côtes d’Agly (Rivesaltes Hors d’Âge)

La cuvée François Arago est un Rivesaltes 100% Grenache noir. Ce même Grenache a obtenu la médaille d’or au Grenache du monde 2015.
Visuellement, le vin dévoile une robe tuilée et moyennement intense aux nuances brunes. Propre et limpide, en versant le contenu dans le verre on observe également que le vin est très denseliquoreux et a beaucoup de matière. Le jambage est important (voir photo) et trahi les quelques 15.5% d’alcool dans la bouteille.
Le nez s’avère net et intense. On découvre toute la richesse d’un Rivesaltes qui a déjà quelques années derrière lui. Des notes de fruits secs premièrement : la noix, la figue et le pruneau sont bel et bien au rendez-vous. Complexe, il dévoile également sur la longueur de fines notes empyreumatiques, de cacao et de marc de café.
L’attaque en bouche s’exprime franchement, mais s’avère aussi ronde et ample à la fois, toute en douceur. Le vin révèle un panel aromatique riche et varié. On retrouve les précédents arômes de fruits secs avec le pruneau, la figue et les dattes sèches. Enfin sur la finale on distingue des notes chocolatées, ainsi qu’un soupçon de moka. Toutefois on dénote un petit bémol, et on reproche gentiment le manque d’acidité qui rend la finale un peu « pâteuse », qui manque de fraîcheur.
La bouche est douce, et ample à la fois. On ne réalise que difficilement les 15.5% présents dans la bouteille.
Pour conclure, comme à son habitude les vignerons des côtes d’Agly nous propose un vin doux naturel d’un excellent rapport qualité / prix pour un traditionnel Rivesaltes Hors d’Âge déjà âgé de 15 ans. À 12.30€ prix moyen pour la bouteille, le vin est déjà de très bonne facture et offre la richesse et la complexité qui est requise à tout bon vin de méditation. À servir entre 11 – 12° accompagné de toasts agrémentés de fromage à pâte persillée, pour les gourmands d’un brownie maison au noix ou encore d’une forêt noire, ou enfin tout simplement en tant que vin de méditation après le repas, en terrasse avec un havane.
En direct de Singapour, c’était Frédéric. Merci pour votre lecture et à très bientôt pour de nouvelles chroniques.

mercredi 18 janvier 2017

Le Haut de Brun 2014 d’Alain Jaume (AOP Côtes du Rhône)

Chers lecteurs,

C’est avec grand plaisir que je vous retrouve pour mon premier article de cette nouvelle année 2017. Tradition oblige, l’équipe de la rédaction se joint à moi pour vous souhaiter tous nos meilleurs vœux, de santé et de bonheur. À ce sujet, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande environ 3 verres de vin par jour, seulement 2 pour vous mesdames (sexisme quand tu nous tiens). Pour l’occasion, et cela va de pair, nous vous souhaitons également une année pleine d’opulence, digne des plus fins gourmets et nous espérons que vous trouverez le bon accord mets-vins qui saura égayer et faire jubiler votre palais. Quoi de mieux qu’une bonne résolution pour cette nouvelle année, alors commençons par ne plus jamais délaisser notre palais. Cette semaine j’ai décidé de vous aider dans votre quête, et j’ai dégoté spécialement pour vous un petit Côtes du Rhône du célèbre vignoble Alain Jaume. Cap sur ce domaine qui, au fil des années, s’est implanté parmi les plus grandes appellations de l’AOP Côtes du Rhône et dont la renommée internationale s’est forgée par l’élaboration de grands vins reflétant l’empreinte des terroirs riches et complexes du Rhône méridional, mais également par ses succès auprès des guides Parker et HachetteDirection Orange dans le département du Vaucluse à quelques kilomètres d’Avignon et de Châteauneuf-du-Pape, à la rencontre de la famille Jaume.
Sous les tropiques en plein mois de janvier, dégustons ensemble ce petit Côtes du Rhône rouge signé Alain Jaume.

Quelques mots sur le vigneron :

Dans la famille Jaume, les générations perpétuent le métier de vigneron depuis que Mathieuen 1826, décida de cultiver la vigne à Châteauneuf-du-Pape. Cette région aux conditions climatiques exceptionnelles, entre Mistral et ensoleillement quasi-omniprésent avait attiré l’attention des papes et devint dès le XIVe siècle l’un des fiefs pontificals de la viticulture. C’est à partir de 1979, qu’Alain et Odile Jaume poursuivirent la tradition de la vigne avec par exemple la création du Domaine Grand Veneur. Les 9 hectares des débuts sont désormais devenus 40 et l’entreprise est devenue Alain Jaume & Fils, Sébastien et Christophe les fils d’Alain, assurent progressivement la prospérité et la pérennité de cette belle entreprise familiale. Associés au savoir-faire familial, ils mettent aujourd’hui à profit leurs connaissances œnologiques et viticoles pour consolider la place du domaine parmi les plus grands vignerons de Châteauneuf.
Ce métier est une passion, un héritage et surtout une affaire de famille.
Les vignes du domaine sont en moyenne âgées d’une bonne quarantaine d’années et sont toutes conduites en respectant le protocole indispensable à l’agriculture biologique. Désormais le vignoble compte pas moins de 40 hectares de vignes parmi les plus célèbres appellation du Rhône tel que :  Côtes du RhôneCôtes du Rhône – VillagesChâteauneuf-du-PapeLirac ou encore Gigondas
Au fil des années le vignoble s’est implanté parmi les terroirs les plus notables de l’AOP Côtes du Rhônes. Ci-dessus Lirac, Ventoux, et à proximité de Châteauneuf-du-Pape.
Converti en agriculture biologique depuis déjà quelques années le domaine cultive ses terres avec bienveillance, et humilité. Comme tout bon vigneron Alain Jaume n’a pas oublié d’où il venait, et que la nature est une maîtresse parfois bien capricieuse mais qui peut s’avérer généreuse si on la respecte un tant soit peu. Comme il le dit lui-même : « Ce métier est un héritage mais surtout une passion. Il nous impose à la fois rigueur et persévérance face aux exigences de la nature. »
À ce propos, les sols du vignoble sont exclusivement entretenus par des labours superficiels et sont régulièrement soutenus par des composts végétaux. Toujours dans une démarche qualitative, les rendements sont faibles et maîtrisés et n’excèdent pas les 35 hl/hectare. Enfin et afin de favoriser l’aération des grappes, l’effeuillage manuel est pratiqué exclusivement dans la périphérie des raisins, et seulement du côté du soleil levant ceci afin de limiter  les risques d’échaudage du grain de raisin.
La vendange manuelle est triée grappe par grappe. Ici Christophe Jaume, le fils d’Alain pendant les vendanges.
Au sein de ces célèbres appellations, les cépages noirs récurrents dans la région sud-est vont bon-train. On retrouve tout naturellement la Syrah pour sa capacité à favoriser la couleur et à amplifier l’intensité des arômes et des tannins. Également le Grenache noir, qui constitue la charnière de l’encépagement de l’AOP, et qui apporte souplesse et opulence à la charpente du vin. Très populaire également, le Mourvèdre a su trouver sa place dans les assemblages régionaux, assurant un long potentiel de garde et une complexité aromatique notable.
Enfin les vins blancs sont eux élaborés à partir des cépages Clairette, Roussanne et Viognier. La Clairette exhale pleinement la fraîcheur, la finesse des arômes de fruits secs et des fleurs blanches. La Roussanne, quant à elle, développe des notes plus capiteuses, de coing, de miel, associés à une onctuosité finement épicée. Enfin le Viognier, lui, s’exprime par une fraîcheur surprenante, accompagné de notes de poire et de pêche blanche.
Les grappes sont soigneusement triées à la parcelle et seuls les plus beaux raisins sont conservés pour l’élaboration des vins du domaine.
De manière générale, chaque cépage sera vinifié séparément. La diversité des cépages utilisés, le décalage de la maturité phénolique entre chaque parcelle imposent une récolte et une vinification en quelque sorte « personnalisée » qui procurera pour chacun d’entre eux sa propre identité aromatique, son caractère et sa particularité gustative.
Les caves sont situées à Orange, juste sur la route de Châteauneuf-du-Pape, et sont utilisées pour faire des vins à la fois le Domaine Grand Veneur et Alain Jaume.

Le choix du vin : Le Haut de Brun rouge 2014 d’Alain Jaume (AOP Côtes du Rhône)

À vos verres ! Le Haut de Brun est un Côtes du Rhône issu de l’assemblage de 70% Grenache noir, de 20% Syrah et enfin 10% de Mourvèdre et de Cinsault.
Visuellement, la robe est d’un rouge rubis parsemée de nuances violines et d’une intensité moyenne à soutenue. Limpide et brillante, la robe décrit parfaitement les qualités propres aux vins de bonne facture. Le jambage s’avère être assez important et dévoile une belle part d’éthanol, de glycérol, et s’agrippe soigneusement à chaque recoin de la paroi du verre.
Le nez est d’une intensité modéréenet et propre, et repose principalement sur une gamme aromatique variant du fruit noir confit, tel que la mûre, la chair de la cerise noire et d’un soupçon de cassis, aux épices comme le poivre noir et la réglisse.
En bouche, l’attaque s’avère modérée et légèrement corsée. Les arômes de fruits noirs susmentionnés sont de nouveau au rendez-vous, la Burlat est à l’honneur et apporte l’essentiel du fruité au vin. Savoureux, le vin révèle un très bon volume, des tannins soyeux et un fruit très prononcé. On retrouve également une certaine astringence faisant légèrement assécher les gencives. Le profil de la finale s’oriente sur le caractère garrigue du terroir, mais aussi sur l’épice que peuvent apporter les arômes de la réglisse et du poivre noir. La longueur est quant à elle assez modérée, on y retrouve la persistance du fruit légèrement confituré.
Un intrus s’est glissé sur cette photo, arriverez-vous à le retrouver ?
Pour conclure, le Haut de Brun rouge s’avère être un classiquebon marché et généreux, le Côtes du Rhône de tous les jours par excellence. Ses tanins soyeux, ses épices chaleureux et l’équilibre de ses fruits mûrs, en font le parfait exemple de ce que peut offrir le climat et la richesse des sols du Rhône méridional. À servir chambré, entre 16 et 18°, son corps et ses arômes relevés font de lui le compagnon idéal des plus belles pièces de viande de chez votre boucher local. Je le recommande vivement accompagné d’un beau rôti de bœuf aux herbes de Provence, ou encore un carré d’agneau en croûte d’herbes. À boire dans les 4-5 ans à venir.
En direct de Singapour, c’était Frédéric. L’équipe des rédacteurs et moi même vous souhaitons d’excellents accords mets-vins pour cette nouvelle année.

vendredi 23 décembre 2016

Le TB621 2014 de David Bruer, Temple Bruer Wines – Australie Méridionale, Adélaïde

Chers lecteurs,

Noël approchant à grand pas, je me permets de vous souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année. Pour l’occasion j'ai décidé de vous offrir un joli cadeau en vous proposant un voyage initiatique en hémisphère sud… Plus exactement dans le pays où les wallabys jouent au Rugby et où les beaux surfeurs blonds et à la peau cuivrée arpentent les nombreuses plages à la recherche de « La Vague » qui saura leurs procurer l’adrénaline qui en convient. Bref, nul besoin de vous faire patienter plus longtemps, vous l’avez déjà tous compris… Cette semaine direction l’Australie, pays à l’ensoleillement exceptionnel et aux micro-climats riches et variés, et plus précisément dans la partie méridionale de l’île, dans la région d’Adélaïde, où j’ai pu y découvrir un domaine précurseur en agriculture Biologique et qui produit des vins natures depuis déjà quelques décennies : Le Temple Bruer.
Le long de la plage et en direct de la East Coast, je vous présente le TB 621, un vin rouge australien à l’allure Rhônalpine de par son assemblage (Mourvèdre, Syrah, et Grenache).

Quelques mots sur le terroir :

L’Australie-Méridionale est l’état viticole par excellence en Australie, et produit à lui seul près de la moitié du volume des vins australiens. Avec quelques similarités avec le sud de la France, on y retrouve généralement un climat de type méditerranéen, propice à la culture de l’olivier, du citronnier, et de l’amandier. Cette région est l’un des greniers australiens et produit une grande quantité de ces denrées agricoles. S’étendant sur 984 377 kilomètres carrés, on y retrouve également de nombreux micro-climats relativement tempérés qui permettent l’obtention de vins parmi les plus notables et les plus recherchés d’Australie.
Pour nos amis sédentaires, voici de quoi vous permettre de situer les vignobles d’Adélaïde ainsi qu’un exemple de paysages que ce terroir peut offrir.
L’Australie étant 14 fois plus grande que la France, il est courant que les cépages d’une même cuvée proviennent de régions plus ou moins éloignées. C’est le cas pour notre vin dont la Syrah, ou Shiraz pour nos amis australiens, provient de la Eden Valley à quelques kilomètres au nord des collines d’Adelaïde. L’altitude légèrement plus élevée de cette région, son climat tempéré et ses sols sablonneux composés d’argile et de granit en font un secteur unique et exceptionnel pour la culture du raisin. D’un autre côté ses Grenaches proviennent d’un terroir également très célèbre : celui de Langhorne Creek, situé au sud-est d’Adélaïde dans la Péninsule de Fleurieu. De par la présence d’alluvions et la constante influence maritime du lac Alexandrina, les vins produits à Langhorne peuvent parfois donner une sensation saline assez particulière.

Quelques mots sur le vigneron :

Le domaine Temple Bruer a débuté son activité dans le courant des années 1970. Pour des raisons phytosanitaires et dans une recherche de préservation de la fertilité des sols de son vignoble, David Bruer a décidé de franchir le cap, et de se diriger vers une agriculture saine et biologique dès les années 1990. De ce fait, le Temple Bruer s’avère être l’un des premiers domaines australiens à se lancer dans cette périlleuse aventure. Périlleuse… Certainement. Car si de nos jours manger Bio, boire Bio devient de plus en plus aisé, dans les années 90 se lancer dans la production Bio n’était certainement pas la meilleure solution commerciale. Même le contraire, je dirai. En effet, pendant longtemps les agriculteurs avant-gardistes du Bio en Australie ont  été malheureusement catalogués et associés à des hippies (David emploie lui-même le terme de dope-smoking hippies) ce qui dans le marché des vins peut s’avérer être économiquement et financièrement une tunique de Nessus, un réel cadeau empoisonné.
Bien que ce soit Noël et que sa barbe lui donne un petit air… Ne vous avancez pas trop vite, David Bruer s’avère être l’un des pionniers du Bio australiens et, contre vents et marées, a poursuivi sa quête afin de produire des vins toujours plus sains.
L’intégralité du domaine est certifiée par la NASAA « National Association for Sustainable Agriculture Australia ». Vous l’avez compris il ne s’agit pas là de former des astronautes, mais plutôt du premier organisme de certification Bio australien. Par ailleurs toujours dans une optique de préserver les ressources du sol, le vignoble est un grand adepte de la Biodynamie et crée son propre compostage à partir de céréales, de légumes et des déchets du raisin utilisé. Par ce biais, il veille à régulièrement réactiver et à renouveler les micro-organismes présents dans les sols et qui s’avèrent essentiels à la bonne condition phytosanitaire de la vigne.
Chaque mètre cube de compost coute environ 18$ à David Bruer, cet investissement est essentiel afin de veiller à la fertilité de la terre.
Le domaine, au fil des années, a su s’agrandir et s’implanter parmi les plus prestigieux terroirs d’Adélaïde. Avec près de 26 hectares dans la Eden Valley, on y trouve des cépages populaires en Australie, avec par exemple la Syrah, le Cabernet Sauvignon, le Merlot et le Riestling mais également toujours plus de diversification avec du Gewürztraminer et du Pinot noir. Sur les alluvions d’argile rouge et de calcaire de la Langhorne Creek, la Syrah y va bon train mais on peut y découvrir également des Grenaches vieux d’une bonne vingtaine d’années, ainsi que des Chenins blanc, du Verdelho et du Viognier. Enfin à Loxton près de Riverland, le domaine est fort d’une plantation datant de la fin de la seconde guerre mondiale composée de somptueux Grenaches noirs et de Mourvèdres (Mataro pour nos cousins australiens) âgés de plus de 50 ans et qui constituent l’une des cartes maîtresses dans les mains de David Bruer pour la confection de ses assemblages.
L’arbre généalogique de David Bruer remonte à l’an 1163 et est étroitement lié au Temple Bruer, vestige des templiers dans le Lincolnshire en Angleterre. Il a naturellement choisi le Temple comme logo du domaine.

Le choix du vin : Le TB621 2014 de Temple Bruer (Australie Méridionale, Adélaïde)

We wish you a Merry Christmas, we wish you a Merry Christmas and an happy Wine Tasting.
Visuellement, le vin se présente sous l’aspect d’une belle robe d’un rubis profond, d’une intensité modérée. Bien qu’elle soit brillante, la robe s’avère être très légèrement trouble, certainement du au caractère nature du vin, et donc non-filtré. Le jambage est très présent sur la paroi du verre ce qui démontre un certain degré alcoolique, ainsi que la matière relativement importante de la cuvée.
Le nez dévoile un fruité très intense, très explosif. On découvre de puissantes notes de griottes, de cassis, et de fraises confiturées. Malgré tout, ce nez si aromatique se retrouve quelque peu en porte-à-faux à cause d’une sensation alcoolique forte. Assez complexe et riche, il offre tout de même de belles perspectives avec de fines notes épicées de Syrah, le poivre gris et blanc, la réglisse, légèrement la violette. On découvre également une sensation légèrement iodée qui rappelle les vins côtiers ce qui s’avère, après tout, pas très surprenant et logique puisque les Grenaches de la cuvée proviennent de la région de Langhorne Creek.
En bouche, l’attaque est très puissante, très vive, voire néanmoins un peu brûlante. Les tanins sont ronds et soyeux, et sont accompagnés d’une explosion aromatique de fruits noirs confits. Ce qui était un soupçon d’épices au nez, s’avère omniprésent en bouche avec de puissantes notes de réglisse et de poivre. Très minéral également, on retrouve encore ce côté iodé qui rappelle les vins des bords de mer avec une salinité et une acidité à faire saliver et qui offrent énormément de peps et de fraîcheur à cette liqueur de raisin.
Le TB 621 est un assemblage de Mourvèdre, de Syrah et de Grenache noir de différents terroirs d’Adélaïde. Tous ces cépages sont à part égale, soit environ 33% pour un degré d’alcool total de 14%.
Pour conclure, le TB621 est un vin au profil très intéressant. Fruit du pionnier David Bruer qui a œuvré dans le Bio depuis les années 1990, ce vin s’avère être sans sulfite ajouté c’est à dire très proche des vins natures. Doté d’une belle minéralité et d’un fruit assez gourmand, cette cuvée a tendance à me rappeler le type de vin qu’il est possible de goûter sur le terroir de Collioure. Ben oui, je suis catalan avant tout… À servir légèrement frais à environ 16°, ce joli petit assemblage de Syrah, Mourvèdre et Grenache agrémentera à la perfection une souris d’agneau à la provençale, un magret de canard sauce Banyuls ou encore un typique hamburger maison bacon et cheddar.
Je tenais à remercier également mon nouvel ami caviste, Waren, qui travaille pour Mahota. Merci pour tes précieux conseils et le temps que tu m’as accordé.