Petit tour d'horizon et dégustations des vins issus du terroir catalan. Découvrez régulièrement de nouveaux vins, des conseils pratiques de dégustation accompagnés d'idées d'accords mets et vins.

jeudi 20 octobre 2016

Le Signum 2013 du Château Nadal Hainaut (Côtes du Roussillon)

Chers amis internautes,

Ce lundi 17 octobre, les rédacteurs de Melt&Co ont eu le privilège d’être reçus au Château Nadal Hainaut par Jean-Marie Nadal et sa famille. C’est une invitation qui me tenait personnellement à cœur, car le domaine me captive et me subjugue à chacune de mes visites. Entre découverte du passé de mes aïeux et nostalgie, l’ancien prieuré abrite en son sein une part de ma propre fresque familiale. En effet des années durant mes grands-parents ont vécu et travaillé dans l’enceinte même du vignoble, et cerise sur le gâteau, ma chère et tendre mère a vu le jour il y a cela 58 printemps au beau milieu de ses champs. J’ai eu également à mon tour cette chance de pouvoir y travailler pendant près d’un an, ce qui m’a offert l’opportunité de cotoyer de près un vigneron artisan et passionné qui m’a transmis un peu de son savoir-faire, mais aussi de rencontrer une famille de gens bien, soucieuse de l’environnement, et du respect des traditions dans la création de vins de qualité.
Sans tarder, et pourvu d’un sac rempli de croissants, nous nous sommes rendus au domaine où l’équipe s’affairait déjà dépuis l’aube au pressurage du prochain Signum. Direction le Château Nadal Hainaut à Le Soler, proche de la départementale 37, non loin de la ville de Thuir où se trouvent les célèbres caves de Byrhh.
Dès notre arrivée nous avons pu assister au minutieux pressurage manuel des grains de raisins qui serviront à la confection des 1500 bouteilles du confidentiel Signum. On retrouve la complicité et le partage des connaissances entre Jean-Marie et sa fille Julie (à gauche de la photo) ils sont épaulés par Thierry (à droite), employé du domaine.

Quelques mots sur le vigneron :

Jean-Marie Nadal s’est laissé prendre au jeu et a eu la gentillesse de répondre aux questions des rédacteurs de Melt&Co.
Le prieuré Santa Maria de l’Eule a été bâti par les moines cisterciens au XIIe siècle, plus exactement en 1170. Au fil des siècles, il a vu s’installer plusieurs communautés de moines et de religieuses qui y pratiquaient déjà la culture abondante et profitable de la vigne. Au lendemain de la révolution française, suite à l’acquisition du site par l’arrière arrière grand-père de Jean-Marie, Jean-Denis Hainaut, sera fondé le domaine familial qui demeure aujourd’hui quasi inchangé, et qui perdure encore. Ici le terme « familial » ne pouvant pas être pris à la légère puisque pas moins de 7 générations ont foulé ses terres (en comptabilisant les nouveaux arrivants) et y ont véhiculé leur savoir-faire ancestral.
Idéalement situé sur les sols caillouteux de la vallée de la Têt, les vignes sont bercées par un panorama exceptionnel, déssiné par la Tramontane, un ensoleillement important et le Canigou.
Le domaine s’étend sur près de 125 hectares dont environ 53 sont attribués à la culture biologique de la vigne. En agriculture bio depuis 2010 puis certifié en 2013, il est quand même nécessaire de mentionner que le vignoble a toujours été soucieux du respect de ses sols et de l’environnement, puisqu’il a choisi de produire ses vins en suivant des règles basées sur l’observation, et a rapidement obtenu en 2003 les labels TerraVitis et Ecocert. La géologie du site, majoritairement composée de sols argilo-calcaire et de graves, offre le potentiel d’obtenir des vins concentrés, riches et équilibrés à la fois.
Les cépages récurrents dans le Roussillon y vont bon train, on y retrouve naturellement du Muscat, de la Syrah, du Grenache, mais aussi une exceptionnelle vigne de Carignan centenaire âgée de 116 ans, plantée symboliquement en 1900 pour célébrer l’union de Théreze Hainaut et de François Nadal. Mais on y croise également des cépages un peu moins emblématiques de notre région avec par exemple du Cabernet-Sauvignon,  du Merlot et enfin une parcelle de Chardonnay (qui avait donner des millésimes 100% Chardonnay à faire pâlir la Bourgogne). Enfin désirant garder des vins à la richesse et à la qualité tannique, le rendement à l’hectare n’y dépasse jamais les 35 hectolitres.
Fruit de la préservation de l’histoire du domaine : Les vignes de Carignan, parfois décriées par le passé, ont su résister à l’arrachage. Aujourd’hui âgées de 116 ans, elles continuent à avoir de beaux de rendements, et sont employées uniquement à la confection du Carignan 1900 – la centenaire; un vin soyeux et régulier.
Oeuvrant depuis déjà plus de 15 ans dans le développement œnotouristique, le domaine s’emploie à la restauration et à la rénovation des nombreux bâtiments qui jonchent l’ancien prieuré. Avec par exemple la bâtisse Ste Eulalie qui, récemment rénovée et dont les 300 m² de superficie servaient autrefois de bergerie, est aujourd’hui une pièce maîtresse du vignoble et accueille tous les week-ends de l’année, des mariages, des conventions ou encore des séminaires.
Fort de son succès dans le tourisme viticole et toujours dans un but d’entretenir et de préserver son patrimoine, Jean-Marie s’est lancé également depuis 3 ans dans la création d’un gite situé en plein cœur du domaine et s’est vu octroyer 4 épis au label gîtes de France grâce à ses belles prestations.
Dans un futur proche, il a aussi pour projet de restaurer l’ancienne chapelle cistercienne qui, toujours intacte, avait été obstruée suite à la construction des anciennes cuves bétons dâtant de l’époque de son arrière arrière grand père et qui s’avérent désormais inadéquates à la production actuelle.
Depuis plus de 15 ans, à l’image de la bâtisse Ste Eulalie ou plus récemment avec ses gites, le domaine a su développé son œnotourisme avec brio.

Le choix du vin : Le Signum 2013 du Château Nadal Hainaut (Côtes du Roussillon)

Le Signum 2013 est riche aromatiquement et très concentré, c’est pour cette raison que nous avons décidé de l’associer à un agneau de 7 heures, made by BFox.
Visuellement, le vin se présente vêtu d’une belle robe grenat à la couleur très intense. On dénote une bonne limpidité avec de beaux reflets lumineux sur le disque. Le fond du verre n’étant que peu visible, on comprend naturellement qu’on a affaire à ce type de vins qu’affectionnent les amateurs de vins généreux et tanniques. Le jambage, loin d’être un grand timide, s’accroche sans pudeur à la paroi du verre, justifiant les 14,5° du vin.
Le nez est très ouvert, et offre une intensité détonante. Les arômes sont explosifs, à la hauteur des espérances que nous avions lors de la phase visuelle, et reflètent toujours un vin au profil riche et charnu. Il nous dévoile un fort potentiel fruité avec des notes gourmandes de mûres et de cerises noires confites. Très épicé, on retrouve des notes de thym, de poivre gris ainsi qu’un soupson de clou de girofle. Enfin sur la finale, on reconnaît les notes agréables mais puissantes des Syrah catalanes qui donnent cette typicité très réglissée accompagnée de fines notes de violette.
En bouche, l’attaque est très franche mais se fait avec beaucoup de rondeur, sans aggressivité et se fond directement au contact du palais. Sa composition riche en éthanol et glycérol apporte gras et onctuosité, équilibrant ainsi avec justesse les arômes très puissants de ce vin. Le fruit est charnu, intense et prometteur. On retrouve des notes concentrées de mûres et de cassis, accompagnées d’un fond d’épices de réglisse et de thym, ainsi qu’un élevage tout en finesse offrant une touche légèrement vanillée. Le vin dévoile enfin tout son potentiel avec une longueur exceptionnelle. Et c’est peu dire, cet élixir de fruits noirs surprendra par sa persistance et sa longueur en bouche.
Le Signum, dont l’étiquette représente la signature des moines cisterciens, est un vin riche produit de l’assemblage de 80 % de Syrah et de 20 % de Grenache noir et à la macération longue. (30 jours)
Pour conclure, on attendait beaucoup de la toute dernière cuvée confidentielle du Château Nadal Hainaut (environ 1500 bouteilles par millésime), et le pari a été tenu. Le Signum 2013 reflète ce que sait faire de mieux Jean-Marie Nadal, c’est à dire des vins généreux et puissants qui savent garder un certain équilibre (et un équilibre certain) tout en évitant l’excès. Malgré sonprofil de vin riche et très concentré, le Signum grâce à l’habileté de son créateur demeure équilibré avec justesse, ni lourd ni saturé. Du fait de sa complexité et de son fruit net, il se positionne à juste titre en tant que vin de garde, avec un potentiel d’une bonne dizaine d’années. À partir de 20 € l’unité, le prix se justifie aussi bien par la qualité du vin que par le travail méticuleux employé à sa confection. À servir entre 16 et 17°, nous avons décidé de l’accompagner d’un agneau de 7 heures délicatement préparé par BFox, mais il ravira aussi bien vos papilles sur des galtes de porc au banyuls, ou autour d’un gibier.
Un grand merci à Jean-Marie, Martine, Pauline, Marie-Luce, à la pétillante Julie ainsi qu’à toute l’équipe du domaine pour leur gentillesse et pour cet accueil agréable et instructif.
Pour retrouver les prestations du domaine, et commander ses vins c’est par ici. Sinon, ils seront heureux de vous accueillir du lundi au samedi directement au domaine.
C’était Frédéric en association avec BFox pour Melt&Co, vous êtes toujours de plus en plus nombreux à nous lire, un grand merci à vous ! Continuez de liker et partager.

vendredi 7 octobre 2016

L’Excellence 2007 du mas Bécha (Côtes du Roussillon)

Chers amis internautes,

C’est à Ponteilla-Nyls dans les Pyrénées Orientales, que BFox et moi sommes allés à la rencontre de Charles Pérez du Mas BECHA. Décontracté, souriant et hospitalier, Charles a eu la gentillesse de nous accueillir dans son domaine entre deux décuvages (ici il s’agît de l’action qui consiste à retirer le vin de la cuve pour le séparer du marc).  La surprise était d’envergure pour les épicuriens que nous sommes, puisque non content de nous gâter avec ses excellents vins, Charles, en bon hôte, a également égayé nos papilles avec pléthores des charcuteries locales de l’excellent charcutier Thibaut Gonzales.

Charles est un vigneron passionné par l’histoire et aime partager avec ses convives quelques anecdotes sur son domaine.

Quelques mots sur le vigneron :

Le Mas BECHA est un domaine viticole situé à quelques kilomètres de la frontière espagnole et dont les vignes se trouvent sur leterroir classé des Aspres entre la chaîne des Pyrénées et la mer Méditerranée. Fort d’une surface totale de 110 hectares dont 25 sont destinés à la vigne en agriculture biologique (certifiée depuis 2011), le reste des terres se composent de vergers, d’arbres fruitiers et d’amandiers. Plantées sur 3 petites collines de 100 mètres d’altitude, les vignes du domaine s’imposent fièrement dans la petite commune de Nyls.
Entre amandiers et garrigue, les vignes du Mas BECHA se situent dans la plaine solaire du Roussillon.
Le domaine possède un historique riche et varié, et est niché sur des terres agricoles qui étaient cultivées dès l’époque romaine, aux alentours du Ier, IIe siècle de notre ère. S’en suivit des passations de famille en famille dès l’époque des templiers. Aujourd’hui le domaine est avant tout familial puisqu’avant que Charles en prenne les rênes en 2008, c’était son père qui s’occupait du vignoble acquis en 1997, et qui lui avait transmis sa passion de la vigne.

Une affaire de famille: les étiquettes illustrent un membre de la famille, et sont renouvelées chaque année par un artiste différent.
Le domaine récolte en général un peu avant les autres, on y retrouve en majorité de la Syrah et du Grenache qui sont des cépages assez précoces, à récolter tôt. Au contraire, le Mourvèdre s’y fait relativement rare et le Carignan y est inexistant. Cette précocité offre une Syrah riche et expressive à la fois, elle qui peut parfois être si intense et qu’il faut apprendre à apprivoiser, à maîtriser.
Et c’est justement là que l’ingéniosité de Charles intervient, entre préfermentation à froid et extraction maîtrisée, il augmente le facteur qualité de ses vins qui s’en retrouvent intenses et savoureux à la fois.
Terroir à dominante Syrah, le rendement est relativement faible : entre 20-25 hectolitres par hectare.
Au fil des années, le domaine a su devenir de plus en plus dynamique et à développer avec brio sa partie œnotouristique, avec par exemple ses sentiers pédestres le long du vignoble, avec la mise en place de cours de cuisine, ou encore avec sesnombreuses festivités à l’image de la soirée primeurs organisée le 14 octobre prochain.
Amoureux et passionné d’histoire, il y a 2 ans Charles s’est également lancé avec succès dans la restauration du caveau du domaine, dont la bâtisse date du Xe siècle. Désormais, il a pour projet d’accroître les diverses cultures fruitières du domaine et ainsi d’organiser des cueillettes conviviales, ambiance familiale garantie.
Les sentiers pédestres : une idée astucieuse et pratique pour découvrir le domaine.

Le choix du vin : L’Excellence 2007 du Mas BECHA (Côtes du Roussillon)

Visuellement, le vin se présente avec une robe brillante d’un rubis profond, on retrouve des nuances brunies, signe d’un vin qui n’est pas jeune et qui a évolué. On y retrouve un jambage très important, dont l’éthanol laisse de nombreuses traces sur les parois du verre, particularité régulièrement présente chez les vins généreux de Charles. L’extrême intensité de la robe (le fond du verre n’est plus visible lorsque nous regardons par en haut) démontre, sans conteste, le potentiel polyphénolique des sols argilo-calcaire qu’offre ce terroir choyé par le soleil.
Le nez est giboyeux presque cuir et présente une évolution harmonieuse. On y retrouve des notes garrigues, de thym, et de romarin. Le fruit y est profondomniprésent avec des notes de fruits cuits, la mûre et la figue noire, mais également un trait de tapenade d’olives noires.
En bouche, l’attaque est très franche, presque légèrement brulante. Explosion de fruits confits, cuits au chaudron, on y retrouve de nouveau la mûre, mais aussi la fraise confite. D’une grande complexité,  le vin est expressif et s’accompagne d’une agréable présence épicée, mais aussi de tanins denses qui apportent ampleur et profondeur au palais. Enfin on retrouve de fines notes cacaotées, et réglissées sur la finale. Sa longueur aromatique est impressionnante.
Signature du Mas BECHA, encore un vin généreux et puissant avec pas moins de 16% d’alcool.
Pour conclure, l’Excellence du Mas BECHA est un vin complexe qui a fière allureMajoritairement Syrah, on y retrouve la grande richesse que procure ce cépage lorsque celui-ci tend à bien évoluer au fil des années. Comme à son habitude, Charles n’a pas hésité à produire un vin qui est à l’image de ses engagements… C’est à dire puissant et chaleureux. En définitive l’Excellence, dont le fruit est omniprésent et riche, s’avère être un vin profond et surprenant par son volume. À servir entre 16 et 18°, il accompagnera idéalement un civet de sanglier mariné, un burger de bison au bleu ou tout type de gibiers.
À travers cet article, nous tenions à remercier Charles et sa super équipe pour l’accueil qui nous a été réservé au domaine.
C’était Frédéric et BFox, merci pour votre lecture, n’oubliez pas de nous suivre et partager.